Décider de s’engager dans un projet professionnel

« Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition, l’un et l’autre savent ce que voulez réellement devenir. »

Steve Jobs.

S’engager dans un projet professionnel est une décision importante, parfois délicate, qui nécessite d’y consacrer un peu de temps et d’énergie.

Les personnes en questionnement professionnel sont en général désorientées devant la multitude de possibilités. Ce métier ? Cette offre LinkedIn ? Cette proposition du chasseur de tête ? Ce rêve d’enfant ? Une expérience à l’étranger ? Un projet de création d’entreprise ? Et le job d’Untel qui a l’air si passionnant…

La sensation de vertige qui en résulte peut alors devenir une réelle source d’angoisse et d’inquiétude.

 

La difficulté à choisir un poste face à l’étendue des possibles

Dans son livre the Paradox of Choice, le psychologue américain Barry Schwartz présente les effets pervers de la profusion de choix.  Il répertorie deux conséquences négatives : la paralysie et l’insatisfaction.

  • La Paralysie: l’abondance de choix m’empêche de me décider. C’est par exemple le cas si je décide de regarder un film ou une série, que je navigue sur une plateforme (voire plusieurs) à la recherche de la perle rare. Je regarde les descriptifs, les avis, parfois les bandes annonces… et au bout d’une heure, je me dis qu’il est finalement trop tard pour lancer quoi que ce soit.
  • L’insatisfaction qui peut être causée par :
    • Les regrets. Je vais avoir davantage de regrets si l’une des caractéristiques de mon choix ne me convient pas. Je compare alors à tous les autres possibilités qui s’offraient à moi.
    • Le doute persistant. Même une fois que je choix est pris, je continue de penser aux autres alternatives. Je ne suis alors plus dans le moment présent.
    • Des attentes irréalistes. J’augmente mon niveau d’attentes. Je suis à la recherche du mouton à 5 pattes qui combinera tous les aspects positifs des différentes options.
    • La culpabilité : Dans le cas où le choix ne me convient pas, je me sens d’autant plus responsable.

Finalement, un nombre de choix limité ou encore un non-choix a ses avantages… Quel plaisir (et simplicité) de n’avoir que quelques options de films lorsque nous n’avions à disposition que les chaînes de télévision classiques et la location en vidéoclubs !

 

Partir de soi plutôt que de l’éventail des possibles

Mais alors, que faire concernant le choix d’un parcours professionnel ? Car il n’est pas question de renoncer à un projet qui permettrait de s’épanouir pleinement.

Pour parer aux effets néfastes du « trop » de choix, il est nécessaire de partir de soi plutôt que de l’éventail des possibles.

Partir de soi, c’est interroger son histoire, ses talents, ses valeurs, ses besoins, ses attentes, ses limites, …
Dans mes accompagnements de réflexion ou de réorientation professionnelle, je propose cette phase d’exploration personnelle qui permet de construire un socle solide. Cette fondation permet ensuite de bâtir un projet riche de sens.

Ce projet peut contenir différentes informations relatives au métier et à l’environnement de travail (valeurs de l’entreprise, équipes, structure managériale, locaux, trajets, …).

Une fois le projet défini, les personnes ont alors une grille de lecture qui leur permet de filtrer les différentes propositions qui s’offriront à elles ; ou, mieux encore, elles peuvent présenter leur projet pro-activement et créer ainsi le poste qui correspond à leurs attentes.

Enfin, partir de soi, c’est aussi écouter ses ressentis et son corps. Si mon raisonnement rationnel me dicte d’aller dans une direction, mais que mon corps se crispe et que je me sens en apnée, il est fort probable que cette décision ne soit pas celle qui me convient. Prendre le temps de s’observer, de scanner son corps, de ressentir son souffle, donne des indications précieuses sur ses motivations profondes. Une amie qui hésitait pendant longtemps sur le fait de quitter son entreprise, s’est sentie confortée dans sa décision lorsqu’après avoir remis sa démission, elle se sentait soulagée. En coaching, lorsqu’une personne hésite entre plusieurs options, je peux proposer des exercices de visualisation des différentes options, en venant interroger les émotions et le corps pour aider la personne dans ces prises de conscience.

 

Se donner un cadre

Pour mener ce travail de réflexion professionnel, il est important de suivre une certaine discipline avec des sujets à explorer, des étapes à suivre et surtout un délai à respecter.

Ce cadre peut être mis en place seul ou à l’aide d’une tierce personne. Celle-ci aura pour rôle d’être garante de la démarche, d’accompagner l’approfondissement des réflexions, de challenger…

 

Accepter l’incertitude

Un autre point à prendre en compte pour faciliter la prise de décision est de travailler sur l’acceptation de l’incertitude. Notre liberté, si elle nous attire, nous perturbe également.

Dans la Confiance en soi, le philosophe français Charles Pépin distingue d’ailleurs choix et décision. Choisir c’est se positionner logiquement après un examen rationnel de plusieurs options. Même si cela peut prendre du temps, l’incertitude est faible. Décider c’est agir sans savoir, c’est s’engager alors qu’il y a de nombreuses inconnues.
Dans un projet professionnel, l’incertitude est éminemment présente car de nombreux éléments ne peuvent pas être anticipés (un manager qui s’en va, de nouvelles missions à remplir, …).

« Rien n’est permanent, sauf le changement » disait Héraclite.

Pour accepter cette incertitude, le droit à l’erreur est un principe clé à mettre en œuvre. Il s’agit de considérer chaque expérience comme un apprentissage et se donner la possibilité qu’elle soit différente de ce que nous avions imaginé.

 

S’engager pleinement dans sa décision

Une fois le projet professionnel défini sur la base d’un socle personnel robuste, l’ultime attitude à adopter est, selon moi, de s’engager entièrement dans sa décision.

S’engager dans sa décision, c’est la vivre pleinement, en cultivant la confiance en soi et en la vie. En effet, maintenant que la décision a été mûrie, je ne peux que lui donner sa chance. La chance de réussir, la chance de me rendre heureux.

Pour cela, il est intéressant, dans un premier temps, de partir du principe qu’elle est « irréversible ».

Dans sa conférence Ted, Daniel Gilbert, psychologue et professeur à Harvard, expose le pouvoir de simulation de notre cerveau qui nous permet de « fabriquer » du bonheur, même si nous n’avons pas obtenu ce que nous voulions a priori. Or, cette faculté fonctionne seulement si nous faisons des choix sans nous donner l’opportunité de les changer.

L’expérience de Daniel Gilbert

A l’université d’Harvard, on propose à des étudiants de photographier leurs moments de vie sur le campus (camarades, professeurs, lieux, …).

Les étudiants choisissent ensuite deux photos qu’ils développent en grand format.

A ce moment, l’expérimentateur divise le groupe en deux.

Au premier groupe, il explique qu’ils doivent choisir une seule photo, tout de suite et que la deuxième sera envoyée rapidement à Londres pour présenter le projet de photographie.

Au deuxième groupe, il explique qu’ils doivent également en choisir une, mais qu’ils ont quelques jours pour changer d’avis, avant que celle-ci ne parte pour Londres.

On mesure en suite le taux de satisfaction des étudiants vis-à-vis de leur photo. Les résultats de cette expérience sont sans équivoque.

  • Au moment du choix, les deux groupes sont aussi satisfaits de leur choix.
  • La veille du délai de changement possible, le groupe d’étudiant qui peut modifier son choix n’est plus satisfait de sa photo, alors que l’autre groupe l’aime encore plus.
  • Cinq jours plus tard, les résultats sont toujours identiques. Le groupe qui pouvait changer son choix n’est toujours pas satisfait de sa photo, alors que l’autre groupe d’étudiant garde le même niveau de satisfaction.

Décider d’un projet professionnel en bref :

Le choix d’un projet professionnel peut s’avérer vertigineux et paralysant face à l’étendue des possibilités.

D’après Barry Schwartz, un trop plein de choix génère de la paralysie ou de l’insatisfaction. L’insatisfaction est la conséquence de regrets, doutes, attentes irréalistes et sentiment de culpabilité.

Pour mener sa réflexion professionnelle, il est essentiel de :

  • Partir de soi (son histoire, sa personnalité) et ses ressentis, plutôt qu’être en réponse à chaque opportunité possible
  • Se donner un cadre, avec une démarche délimitée dans le temps, qui intègre différents sujets et étapes
  • Accepter l’inconnu inhérent à un projet professionnel, en se donnant le droit à l’erreur. Chaque expérience devient alors un apprentissage

Enfin, pour donner une chance à notre projet de nous satisfaire, il est nécessaire de s’y engager pleinement. Daniel Gilbert a en effet démontré que les choix irréversibles nous rendaient plus heureux que ceux pour lesquels nous pouvions changer d’avis.

Alice Maggiocchi Alima

 Je suis Alice Maggiocchi, coach professionnel et fondatrice d’Alima coaching.
J’accompagne les personnes individuellement et collectivement pour qu’elles (re)donnent de l’élan à leur vie professionnelle. L’objectif est qu’elles se sentent à leur place dans leur projet, nourries et motivées par leur activité.
Alima Coaching, intervient dans le milieu professionnel et académique, avec la possibilité de coaching de particuliers.

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