Et si en 2023, j’étais plus Altruiste au travail ?

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères,
 sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.
 »

Martin Luther King.

Pour débuter cette année 2023, je souhaitais rédiger un article sur une thématique qui me tient à cœur : l’Altruisme.

L’altruisme, c’est l’intention de faire le bien d’autrui. La notion d’intention est capitale dans cette définition, car je peux faire le bien d’autrui sans cette volonté. C’est par exemple le cas si je rends service dans le but d’obtenir une faveur.

Dans « Plaidoyer pour l’Altruisme », Matthieu Ricard démontre que l’altruisme véritable existe et qu’il est essentiel à une harmonie durable dans le monde. (cf. la fiche de lecture sur son livre ici).

Dans cet article, je vous propose une réflexion sur ce que l’altruisme peut apporter dans le monde de l’entreprise et comment le promouvoir au quotidien.

 

Définition de l’altruisme en entreprise

L’altruisme en entreprise se manifeste dans la qualité de relations humaines. Le cadre de travail favorise la coopération, l’accueil, la bienveillance, la solidarité, le partage de l’information, la transparence…

L’altruisme, un avantage compétitif pour les entreprises

Certains pourraient croire que l’altruisme serait un idéal, nuisible à la rentabilité d’une entreprise ; une atmosphère de compétition serait davantage propice aux meilleurs résultats. On sait aujourd’hui que cela est faux. Plusieurs économistes (ex : Richard Layard, Jeffrey Carpenter, Ernst Fehr) ont montré que la compétition au sein d’une société était contre-productrice et que la coopération était un facteur indispensable à la prospérité.

Engagement et rétention des salariés

L’altruisme permet un cadre de travail agréable pour les collaborateurs. Ils se sentent davantage en confiance et considérés. L’engagement des salariés est renforcé, ainsi que leur envie de rester dans l’entreprise.

Dans mes coachings, il m’est arrivé d’accompagner des personnes souhaitant quitter leur entreprise. Dans la plupart des cas, la raison principale était une qualité de relation humaine médiocre. Il pouvait s’agir de tensions avec le manager ou les collègues, d’une atmosphère de travail individualiste, peu de travail en équipe…en soit tout le contraire de l’altruisme. Dans ces cas, le lieu de travail était devenu invivable pour la personne.

L’altruisme en entreprise : un équilibre fragile ?

Si l’altruisme est bénéfique pour l’entreprise, il peut être parfois difficile à faire perdurer.

L’expérience menée par Ernst Fehr montre que si 70% des personnes sont a priori dans un état d’esprit de coopération et de confiance mutuelle, les détracteurs (30%) peuvent à eux seuls anéantir l’altruisme.

L’expérience de Ernst Fehr est la suivante

On donne à 10 personnes 20 euros. Elles peuvent :

  • Garder cet argent pour elle
  • Contribuer à un projet commun. Dans ce cas, l’expérimentateur double la mise (40 euros)

Leur choix est anonyme. Une fois que les 10 participants ont décidé de leur stratégie, les gains sont répartis entre tous.

On observe qu’au premier tour 70% coopèrent. Au deuxième tour les coopérateurs persévèrent… Cependant à mesure que le jeu se répètent, ils se lassent et au dixième tour la coopération est nulle.

Pour contrer cette situation, on peut mettre en place des « sanctions altruistes ». Il s’agit de donner une partie de ses ressources pour sanctionner la personne qui ne joue pas le jeu, sans rien gagner en contrepartie. Dans l’expérience, la sanction altruiste consistait à donner 1 euros de sa poche (toujours anonymement) pour qu’une amende de 3 euros soit infligée aux profiteurs. Avec cette nouvelle règle, la coopération remonte spectaculairement autour de 100%

Si la sanction altruiste est efficace dans certains cas (notamment lorsque les profiteurs sont anonymes), récompenser les personnes qui coopèrent l’est encore plus. C’est ce qu’a montré la série d’expériences menée par David Rand avec des participants identifiés cette fois-ci.

Promouvoir l’altruisme

Les entreprises plus altruistes s’en sortent mieux que les autres… Néanmoins, il est aussi vrai qu’à l’intérieur d’un groupe de personnes, les égoïstes tirent leur épingle du jeu.

Mais alors, comment faire pour encourager chacun à se mettre sur le crédo « altruiste » ?

Engagement des dirigeants et des managers

L’équipe dirigeante a selon moi un rôle clef à jouer dans la diffusion de l’altruisme en entreprise. En effet, c’est elle qui porte la vision, la stratégie, le modèle de rétribution des salariés, la communication interne… Pour avancer dans cette démarche, une prise de conscience est souvent nécessaire, et peut se faire lors d’une réflexion sur la vision d’entreprise par exemple.

Cependant, toutes les directions ne sont pas forcément dans cette dynamique, et il est (heureusement) possible pour chaque manager de mener des actions à son niveau.

Plusieurs types d’initiatives peuvent être explorées :

  • Style de management : favoriser la coopération, l’autonomie des collaborateurs, reconnaissance des actions collectives (ex : définir des objectifs collectivement…)
  • Animation des réunions avec méthodes favorisant la coopération. Quelques exemples :
    • Météo intérieure. Il s’agit d’instaurer un temps d’inclusion en début de réunion, où chacun est invité à partager son état d’esprit en 1 mot/ groupe de mots. Il peut s’agir d’une émotion (ex : motivé, abattu…), d’une image (désert aride, arbre en fleur, cascade…). Cette pratique favorise la reliance, l’écoute active et la bienveillance. Elle permet également d’avoir un temps d’atterrissage avant d’entamer l’ordre du jour de la réunion.
    • Gratitude : Remercier quelqu’un en début de réunion. Il s’agit d’une alternative à la pratique précédente. Cet exercice change considérablement la dynamique de la réunion.
    • Animation déléguée : chaque participant de la réunion prend un rôle pendant la réunion (animateur, scribe, « pousse décision », cadenceur, observateur), afin de répartir la responsabilité.
  • Points individuels : valoriser l’esprit d’équipe et recadrer les comportements égoïstes
  • Exemplarité

 

Engagement individuel

A titre personnel, chacun peut également s’entraîner à l’altruisme. C’est une capacité qui se développe. Matthieu Ricard préconise notamment le recours à la méditation pour y parvenir (voir article).

Un principe fondamental pour aller vers plus de coopération est finalement de faire appel à l’humanité commune des personnes plutôt qu’à leur fonction.

Enfin, un petit aparté pour ceux d’entre nous qui seraient déjà beaucoup dans le « don » : il est important de différencier l’altruisme du « dire toujours oui » aux sollicitations qui peut, entraîner un épuisement professionnel. Certaines personnes ont parfois tendance à répondre toujours positivement aux demandes des autres et à laisser de côté leurs propres tâches. Pour ces personnes il serait intéressant de :

  • Repérer les « preneurs » : les personnes qui demandent toujours (et sont souvent exigeantes dans leurs requêtes) mais ne donnent jamais rien.
  • Donner aux « donneurs »
  • Regrouper les demandes pour dédier des temps spécifiques à l’aide et pouvoir se concentrer sur ses propres missions
  • Aider les gens à monter en autonomie plutôt que de faire à leur place

L’altruisme en entreprise en bref :

L’altruisme en entreprise se manifeste dans la qualité de relations humaines. Le cadre de travail favorise la coopération,  le partage de l’information, la transparence…

L’altruisme est bénéfique pour l’entreprise et les salariés. La coopération est indispensable à la prospérité long terme et les collaborateurs s’engagent davantage dans leurs missions.

Une minorité de profiteurs peut facilement mettre en péril la coopération, c’est pourquoi l’altruisme doit fait l’objet d’une attention particulière.

L’altruisme peut être porté à différents niveaux : 

  • Equipe dirigeante : en bâtissant une vision qui encourage l’altruisme
  • Manager : par un management favorisant l’autonomie et la coopération, la mise en place de pratiques inclusives en réunion, l’exemplarité
  • Individuellement : en s’entraînant avec la méditation par exemple. 
Alice Maggiocchi Alima

 Je suis Alice Maggiocchi, coach professionnel et fondatrice d’Alima coaching.
J’accompagne les personnes individuellement et collectivement pour qu’elles (re)donnent de l’élan à leur vie professionnelle. L’objectif est qu’elles se sentent à leur place dans leur projet, nourries et motivées par leur activité.
Alima Coaching, intervient dans le milieu professionnel et académique, avec la possibilité de coaching de particuliers.

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