La force du désir : Conférence de Frédéric Lenoir

« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! »

JJ Rousseau.

J’ai assisté, le 22 novembre, à la conférence sur le désir donnée par Frédéric Lenoir, à l’occasion de la sortie de son dernier livre « Le désir : une philosophie ».

Son intervention a été pour moi l’opportunité de revisiter mes classiques de philosophie du lycée, et d’éclairer la vision du coaching que je porte : une démarche tournée autour de l’inspiration, la mise en mouvement, l’élan.

Frédéric Lenoir débute la conférence en présentant le caractère ambigu du désir : il est la fois la source d’envies éternellement insatisfaites et en même temps le moteur de nos existences.

Cette dualité s’exprime d’ailleurs dans l’étymologie du mot : « desiderare » veut à la fois dire « cesser de contempler les astres » et « sortir de la sidération ».

 

Le « désir-manque »

Le premier sens est associé à la notion de manque. Il a été développé par les philosophes de l’antiquité (notamment Platon). L’homme qui a cessé de contempler le divin cherche à combler ce manque par des désirs terrestres, la plupart du temps matériels. La société moderne illustre cette quête interminable : nous consommons toujours plus et inventons des objets dont nous ne pouvons plus nous passer.

L’apport des neurosciences

Les neurosciences ont donné une explication scientifique à ce phénomène. Le striatum, un organe au cœur de notre cerveau primaire poursuit des objectifs nécessaires à la survie de l’espèce : la nourriture, la sexualité, la reconnaissance sociale et la connaissance (pour plus de détails, voir le livre de Sébastien Bohler, Le bug humain). A chaque fois que nous entreprenons une action qui nourrit un de ces objectifs, le circuit de la récompense – dont le striatum est l’élément central, s’active avec la production d’hormones du plaisir telle que la dopamine.
De plus, le striatum est « configuré » pour demander toujours plus… même quand les besoins sont satisfaits. Il crée des addictions. Par exemple, la recherche de reconnaissance sociale est à son apogée avec les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchap, Tiktok) avec l’attention portée au nombre de vues ou de likes des publications.

 

Le « désir-puissance »

Le deuxième sens présente le désir comme moteur de nos existences, essentiel pour se sentir pleinement vivant. Cette vision du désir est portée par le penseur Spinoza.
Pour lui, la clef réside dans la bonne orientation de ses désirs. Pour cela, il est nécessaire d’avoir conscience de ses désirs et de discerner s’ils nous apportent joie ou tristesse. Mais cela ne suffit pas. Pour se défaire de nos désirs « vains », il faut leur trouver un remplacement. Le seul moyen de combattre une addiction, c’est de la remplacer par une autre. Le désir de substitution étant orienté vers ce qui est bon pour nous, il sera alors source de joie durable.

 

Cultiver l’élan vital

Pour cultiver l’élan vital et s’orienter vers de « bons » désirs, Frédéric Lenoir présente plusieurs voies :

  • Créer : développer sa créativité dans ce que nous entreprenons (travail, cuisine, musique, art…). La créativité augmente notre vitalité et nous procure de la joie.
  • Se connecter à la nature : se relier à la nature (forêt, montagne, mer, ciel, animaux…) pour régénérer corps et esprit. 
  • Habiter son corps : être présent à ses sensations pour mieux savourer le monde qui nous entoure. Les neurosciences ont d’ailleurs prouvé que les neurotransmetteurs (telle la dopamine), ne se diffusent que si nous sommes présents et attentifs à ce que nous faisons. 
  • Accepter la mort et la souffrance : prendre le risque de vivre pleinement. Si notre vie est organisée par rapport à la peur de mourir/souffrir, nous visons en réalité une petite mort au quotidien. Aimer à cœur ouvert, pratiquer des activités sportives intenses…comportent des risques mais permettent de vivre pleinement.
  • Se relier aux autres : entretenir des liens de qualité. Pour s’épanouir, l’homme a besoin d’aimer et d’être aimé. Certaines relations donnent des ailes et augmentent notre vitalité…alors que d’autres nous pèsent. Il convient de se défaire de ces dernières.

J’ai apprécié l’intervention de Frédéric Lenoir pour plusieurs raisons. 
Au-delà de mon intérêt pour la philosophie, j’ai trouvé intéressant de pouvoir faire des liens avec les sujets de société actuels (écologie, covid…), les sciences sociales (notamment notre relation aux réseaux sociaux) et les avancées scientifiques des neurosciences (le striatum).
Enfin, j’adhère particulièrement aux propositions faites pour cultiver l’élan vital et se relier à la joie profonde : la connexion à la nature, au corps, la création, des relations de qualité et l’acceptation du risque

La conférence en bref :

Deux positions pour le désir : 

  • le désir-manque, avec une soif insatiable, dont le striatum est l’explication scientifique 
  • le désir-puissance qui nous met en mouvement et nous permet de vivre pleinement 

Plusieurs voies pour cultiver l’élan vital : la nature, le corps, la création, le lien aux autres et l’acceptation de la souffrance/mort.

La conférence est disponible en ligne jusqu’au 23 janvier ici. 

Alice Maggiocchi Alima

 Je suis Alice Maggiocchi, coach professionnel et fondatrice d’Alima coaching.
J’accompagne les personnes individuellement et collectivement pour qu’elles (re)donnent de l’élan à leur vie professionnelle. L’objectif est qu’elles se sentent à leur place dans leur projet, nourries et motivées par leur activité.
Alima Coaching, intervient dans le milieu professionnel et académique, avec la possibilité de coaching de particuliers.

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